La région de la mer noire est le nœud ancestral de trafics en tous genres (caviar, chiens, mineurs, drogues, espions etc.), d’échanges de « black money » échappant aux circuits bancaires ordinaires et de guerres aussi fréquentes que les tremblements de terre. On y parle jusqu’à quinze langues différentes (non compris les dialectes locaux). Seuls des commandants aguerris et les vrais connaisseurs des lieux pouvaient prétendre naviguer dans cette mare aux canards limitrophes à huit pays, chacun soucieux d’en dire le moins possible sur ses installations militaires et sur la multitude des ports encore en construction. Aussi la majorité des cartes reste fausse et entachée d’inexactitudes faute de mise à jour régulière alors que la région est dans une zone tellurique très active qui modifie régulièrement les fonds. En hiver, les fréquentes dépressions régionales, le brouillard intense, les vents tourbillonnants, les pluies intenses et les vagues courtes et violentes de la mer noire, la rend impraticable à la navigation pour les voiliers et les embarcations légères. Malheur à celui des plaisanciers qui n’a pas prévu de larges réserves de carburant, les ports équipés de pompes ne sont pas la majorité. Ne parlons pas des malheureux qui doivent naviguer sans équipement électroniques adaptés. Pris dans les brouillards fréquents, Ils risquent en permanence la crise cardiaque pour échapper aux collisions. La multiplication des transits journaliers de centaines de lourds tankers est à l’origine de plusieurs accidents à l’origine de marées noires catastrophiques.

La mer Noire, le Bosphore, la mer de Marmara et les Dardanelles jouent un rôle économique croissant comme carrefour du trafic des ports roumains (Constantza), turcs (Sinope, etc.), ukrainiens (Odessa, etc.), bulgares (Varna), russes (Novorossisk) et géorgiens mais aussi comme zone stratégique entre l’Orient et l’Occident. Peu d’européens ont une connaissance même superficielle de la mer noire et de son importance géostratégique pour la circulation du pétrole et du gaz qui les approvisionnent. La guerre des oléoducs n’a jamais cessé, bien au contraire. Lorsque les américains ont renforcé leurs contrôles sur les approvisionnements passant par la Turquie, les russes ont soutenu la dissidence de L’Abkhazie, région de la Géorgie. Elle est devenue, avec leur soutien, une « république autonome » en chassant les géorgiens qui formait la grande majorité de la population. Grâce à cette manœuvre géostratégique l’Abkhazie fermait presque totalement l’accès à la mer noire pour la Géorgie. Ce qui a permis aux Russes de faciliter leur accès à la mer noire – tout comme ils le font actuellement coté Ukrainien – un mouvement qui leur permet de menacer l’approvisionnement de l’Europe en hydrocarbures. Par réaction et pour limiter l’encerclement russe qui tient non seulement l’Abkhazie, mais aussi l’Ossétie du sud et du Nord et les cols du Caucase, le gouvernement géorgien a développé des accords militaires privilégiés avec les États-Unis créant des tensions supplémentaires entre l’OTAN et la Russie.

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A propos de l'auteur

Denys

Denis Ettighoffer, est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication). Ses nombreux livres sont autant de contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Le voilà lancé dans une aventure comme il les aime, être reconnu à la fois par son imagination (pas le plus dur !) mais aussi comme un bon artisan de l’écriture romancée ( et ça c’est pas gagné !)

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