Elle lui procurait le plaisir de la musique,
Extrait de « La pianiste de la Légion Rouge » – Elle lui procurait le plaisir de la musique, lui la nourrissait de récits parfois nauséabonds qui, Arianna le réalisa plus tard, ne servaient qu’à justifier ses sinistres affaires. Jonas ne la ménageait guère, lorsqu’il lui parlait de la terrible situation économique de la plupart des pays de la région. La vision du monde de Raveszac n’avait rien de bien sympathique : elle était cruelle et dramatique. Pour lui ses habitants n’avaient pas le choix. Soit, ils restaient isolés et plongeaient dans le désespoir, soit ils survivaient en participant au pillage des richesses passant à leur portée. Pour lui expliquer cela, Jonas lui racontait l’histoire des naufrageurs irlandais, pilleurs d’épaves. Des villageois très pauvres qui n’hésitaient pas à faire de grands feux pour tromper les navires marchands en les envoyant s’échouer sur des récifs où ils coulaient. Les naufrageurs n’avaient plus qu’à récupérer les épaves et les marchandises qui surnageaient au milieu des cadavres ou des blessés que l’on achevait pour ne pas laisser de témoins. Des pratiques de brigandage que l’on retrouvait sur les côtes africaines du Cap Vert avec les maures naufrageurs ou même dans l’embouchure de la Gironde en France. Et de conclure, face à une jeune Arianna désemparée et épouvantée.
— Le désespoir autour de nous est si profond, la pauvreté si criante que beaucoup de nos compatriotes sont obligés de se comporter comme ces pilleurs d’épaves.
Alors, afin de se changer les idées, il l’invitait à lui jouer quelque chose d’entraînant au piano. Elle se pliait à ses demandes, jouer lui permettait de s’échapper de ces sordides histoires. Elle revenait alors vers son chouchou, Jarrod Radnich, dont elle reprenait avec plaisir les morceaux les plus connus. Elle s’exerçait des heures en écoutant des CD que lui avait achetés son mentor… terme qu’elle préférait à celui de « parrain », choisi par Raveszac.
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