Sur la recommandation de son généraliste, suite à des problèmes de transit intestinaux, Marion devait voir au plus vite un spécialiste qu’on lui a recommandé. Celui-ci ne pouvait la recevoir avant trois mois et demi. Interpellé sur l’importance de l’affaire par son confrère, le médecin en question conseille alors à Marion de passer par les urgences de l’hôpital où il travaille pour qu’il puisse la recevoir sans plus tarder. Un patient qu’il dit ne pouvoir pas recevoir autrement dans les meilleurs délais. Le prix à payer sera modique puisque c’est un hôpital public, mais il faudra presque trois heures d’attente à Marion avant d’être reçue. Au final ce sera une occasion de plus de surcharger les urgences.

A l’exemple de celui-ci, des scénarios aussi absurdes les uns que les autres ne cessent de se multiplier. Dans d’autres pays on est obligé de « bakchicher » pour rencontrer rapidement un médecin, chez nous il suffit d’encombrer les urgences faute de trouver un médecin de ville. Triste résultat d’une politique qui a sciemment limité la formation et l’installation de médecins libéraux. « Libéraux » ! La peste pour certains. Mais une politique limitant aussi le nombre de médecins hospitaliers en imaginant ainsi diminuer les actes et donc le budget de la santé.

La Ministre et son équipe s’interrogent de savoir comment rendre plus efficient l’organisation de la santé et le déploiement des services correspondants sur les territoires. Pourtant on n’a pas encore réussi à imposer aux jeunes médecins un retour sur l’investissement des français ayant payé leurs formations en travaillant au service de la collectivité là où existe un besoin urgent. Ces songes creux non rien trouvé de mieux que d’en favoriser la consommation. Déjà que les armoires des foyers français – faute d’encadrement et de contrôle – dégueulent de médicaments jamais ou peu utilisés maintenant c’est le « lâcher prise » pour la consommation des soins de santé au frais de la collectivité. Les français par ce tour de bonneteau n’en finiront jamais de financer par d’autres voies, par l’impôt, les charges des entreprises – et donc la réduction de leurs revenus – les dérives d’un système de type « open bar ». A ce stade, difficile de songer revenir en arrière. Il est vrai que des milliers de foyers ont pu accéder ainsi à des soins qui leur étaient autrefois inaccessibles. Mais pourquoi n’avoir pas alors simplement mis à leur disposition une carte Vitale spéciale. Si on est capable d’ouvrir les services de santé pour des migrants en détresse pourquoi ne pas l’ouvrir aux plus modestes d’entre-nous ?

Que faire ? Voilà ce que je propose à minima. Madame ou Monsieur Marion viennent d’utiliser un service de santé, hospitalisation ou soins particuliers. Eux comme tous les utilisateurs des soins de santé en France se verront alors présenter la « VRAIE FACTURE » des prestations utilisées et en bas le montant de ce qu’ils doivent ou pas. Cette communication de sensibilisation et d’information devra être généralisée sur tous les réseaux afin que chaque membre de notre collectivité cesse de considérer la santé comme gratuite parce qu’il n’en paie pas le prix réel. La normalisation informatique des actes devrait faciliter cette pédagogie qui me semble singulièrement absente de la politique du gouvernement. La Santé a un coût même pour ceux qui n’en paient pas le prix.

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A propos de l'auteur

Denys

Denis Ettighoffer, est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication). Ses nombreux livres sont autant de contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Le voilà lancé dans une aventure comme il les aime, être reconnu à la fois par son imagination (pas le plus dur !) mais aussi comme un bon artisan de l’écriture romancée ( et ça c’est pas gagné !)

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