Échange épistolaire entre Denys Detter, auteur de la saga Armonie (*), et une de ses lectrices. OP – « Bonjour ! Je suis tombée un peu par hasard sur vos livres numériques et je dois vous avouer qu’après avoir entamé le 1er tome, je n’ai pas pu le lâcher. Je finis de lire cette Saga très originale. J’ai eu la curiosité d’aller lire les commentaires de vos lectrices et lecteurs. Une chose m’a frappée. La majorité se déclare impressionnée par la dureté de l’histoire et le contraste permanent dans le récit entre la beauté, le talent et le courage de votre héroïne Arianna et l’abandon moral et éthique de la grande majorité des élites des pays de l’Est. Comme eux j’ai été effaré de l’état d’esprit des populations de l’Est européen et du contexte qui aboutit à la situation actuelle ! Par contre aucun ne constate comme je le fais que votre série une véritable analyse géostratégique éclairant les comportements actuels des acteurs. Puis-je me permettre de vous demander ce qui a motivé le choix de votre sujet ? »

D.D – « Merci de votre message. Difficile de donner une unique raison à mon choix. D’abord, beaucoup de curiosité pour des peuples de l’Est de l’Europe dont nous ne connaissons pas grand-chose. J’avais envie que mon intrigue se situe dans un environnement nouveau, dur, peu exploité par la littérature romanesque. Si vous demandez à un Français de vous donner le nom de quatre ou cinq Etats américains cela ne lui posera aucune difficulté. Par contre, si vous lui demandez de citer quatre ou cinq « oblast » (états) russes, ça cale. Je pressentais aussi que cette région instable à l’histoire mouvementée (rappelons-nous l’annexion de la Crimée en mars 2014) portait les ferments d’un contexte dramatique intéressant pour ma série.

Par ailleurs, au début de mon projet, totalement inconscient de la difficulté, je visais la production d’une série TV issue de la saga. Comme il est bien connu que les producteurs n’apprécient pas les histoires « bisounours », donc…  difficile de faire pire dans un pays dont la population est obligée de vivre sous la domination de mafias d’Etats.

OP – Je ne sais pas si vous connaissez le point de vue d’Hélène Carrère d’Encausse, plus très audible aujourd’hui, mais je trouve que le vôtre s’en approche. Pensez-vous qu’une issue pacifique à ce conflit est possible ? Et ferez-vous profit du développement de l’actualité pour ajouter un 5ème tome à votre saga ? »

D.D « Au-delà, bien au-delà, de l’aventure qu’aura été la rédaction de ma saga Armonie, je ne peux que m’interroger avec inquiétude sur la vision quasi « romantique » de nombre de commentateurs et stratèges – ou qui se prétendent tels – sur le conflit Russie/Ukraine. Il s’est créé dans l’imagerie populaire en Europe une sorte de raccourci entre le bien (nous) et le mal (russe) au détriment d’une vision lucide de l’origine de ce conflit qui a des fondements défendables et prend racine dans des erreurs dont nos diplomates se gardent bien de se vanter… L’histoire jugera (si on est encore là pour cela). Pour terminer je crois Poutine capable de tout. Quant à une suite à ma saga…j’avoue que je n’ai pas encore tranché. En tout cas, je vous en préviendrai. Merci encore de votre courriel. Peut-être accepterez-vous d’être ma prochaine lectrice-témoin ? »

(*) Ouvrage qui raconte en quatre tomes l’histoire d’une jeune pianiste prodige qui va être enlevée à ses parents par un puissant Parrain d’une mafia russe, tombé sous le charme de sa musique et de son talent. Une histoire familiale cruelle qui se poursuit dans un contexte de pré-guerre entre l’Ukraine et la Russie.

 

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A propos de l'auteur

Denys

Denis Ettighoffer, est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication). Ses nombreux livres sont autant de contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Le voilà lancé dans une aventure comme il les aime, être reconnu à la fois par son imagination (pas le plus dur !) mais aussi comme un bon artisan de l’écriture romancée ( et ça c’est pas gagné !)

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