Témoin privilégiée de la deuxième guerre mondiale, du passé elle nous dit le futur.  Missie (petit nom donné à la princesse) vivant encore à Berlin durant la deuxième guerre mondiale raconte dans ses mémoires les bombardements massifs (tapis de bombes) des alliés sur Berlin entre le 18 novembre 1943 et mars 44. Ce qu’elle raconte est un enseignement pour nos militaires, pour les Russes, dans le contexte de la guerre en Ukraine. Marie Vassiltchikov dans son journal « d’une jeune fille russe à Berlin 1940-1943[1] » a des choses à nous apprendre sur ce que vivent les ukrainiens.

La capitale du Reich a été bombardée vingt-quatre fois. A cette époque, chaque raid impliquait la présence de quelque mille avions et le largage de 1000 à 2000 tonnes de bombes[2]. Mais, alors que la plupart des édifices n’étaient plus que ruines, que des dizaines de milliers d’habitants avaient été tués ou grièvement blessés, qu’un million et demi de personnes étaient sa abri ou grièvement blessés ( et ce chiffre ne tient pas compte des milliers de prisonniers de guerre et de travailleurs étrangers que l’on a jamais recensés) la défense anti-aérienne allemande – un système complexe de canons et de chasseurs de nuit guidés par radar – s’est montré si efficace que la plupart des industriels berlinoises ont continué jusqu’au bout à produire du matériel de guerre en quantités à peine moins importantes. Selon l’historien britannique Max Hastings « sur le plan opérationnel la bataille de Berlin a été un échec. Il fut impossible d’en venir à bout ! » Au total, le bombardement par zones du général Harris ou les « bombardements de la Terreur »[3] n’ont jamais atteint leur but. Malgré tous les dégâts matériels – et entre-autres, la destruction d’inestimables trésors de la civilisation (…), malgré toutes les pertes civiles, (souvent des personnes âgées et des enfants qui par conséquent ne faisaient pas parti de la population active), les principaux objectifs visés, comme les usines d’armement (pour la plupart dispersées ou souterraines) et les lignes de chemin de fer (réparées en l’espace de quelques heures[4]) ont fonctionné jusqu’au bout. De même le moral de la population durement éprouvée pourtant par le malheur, l’épuisement et la malnutrition, ne s’est jamais effondrée. Il allait falloir la guerre traditionnelle avec l’occupation physique des Alliés et des Russes[5] pour mettre enfin l’Allemagne à genoux.

Plus tard, à l’occasion d’un bombardement sur Vienne. « Je ne crois pas qu’on puisse obtenir grand-chose de cette façon. En fait ces raids ont l’effet inverse. Car devant tant de souffrances et d’épreuves, les considérations politiques deviennent secondaires et chacun ne songe qu’à réparer sa toiture, à étayer ses murs, à essayer de faire frire des pommes de terre sur le plat d’un fer électrique, à obtenir de l’eau avec de la neige fondue pour se laver… Bien plus, en des moments pareils, le coté héroïque de la nature humaine prend le relais et les gens sont extraordinairement gentils et prévenants envers leurs semblables – leur compagnons de malheur » (en français).

[1] Editions Lebretto (2018)

[2] Pour ma part je pense que ces chiffres sont discutables et le tonnage bien supérieur.

[3] Dixie la propagande nazie

[4] Lorsque l’Allemagne capitula on comptait en 1945 quelques 12 millions de citoyens soviétiques, prisonniers de guerre

[5] Qui ont repris Kief le 6 novembre 1943

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A propos de l'auteur

Denys

Denis Ettighoffer, est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication). Ses nombreux livres sont autant de contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Le voilà lancé dans une aventure comme il les aime, être reconnu à la fois par son imagination (pas le plus dur !) mais aussi comme un bon artisan de l’écriture romancée ( et ça c’est pas gagné !)

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