Le témoignage édifiant d’une philosophe de Seine-Saint-Denis, confrontée aux trafics au quotidien. Par Alexandra Laignel-Lavastine – J’entends vos belles déclarations de guerre de ce samedi 25 juillet à Nice contre le trafic de stupéfiants qui gangrène nos quartiers émotifs. J’entends de braves journalistes demander : « Alors, vous allez vraiment y rétablir l’État de droit ? » Et encore des responsables politiques se féliciter : « Nous serons désormais intraitables, la République aura le dernier mot ! ». Quant au courroux de la nouvelle « justice de proximité », dont nul ne sait en quoi elle peut bien consister, il sera terrible. Je me suis promenée ce week-end par chez moi, en banlieue, et je vous le confirme : les dealers, tous à leur poste comme à l’accoutumée, tremblent à la perspective d’une telle « fermeté » Je passe sur la grandiloquente et comique « forfaitisation du délit de stupéfiant » à 200 euros, destinée aux fumeurs de joints et sans doute issue d’un génial cerveau de communicant. Alors, je vous entends et j’ai peur. Une affolante déconnexion du réel. Une sévère démonstration de la bulle dans laquelle s’enferme les pouvoirs en France. Sur l’auteure : https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandra_Laignel-Lavastine