Katharine Hepburn raconte ce qui pour elle est la DON : « Une fois, lorsque j’étais adolescente, mon père et moi faisions la queue pour acheter des billets pour le cirque. Devant nous, il ne restait qu’une seule famille entre le guichet et nous. Cette famille m’a profondément marquée. Ils étaient huit enfants, tous âgés de moins de douze ans. Leurs vêtements, bien que simples, respiraient la propreté. Ils formaient une petite troupe disciplinée, alignés deux par deux derrière leurs parents, se tenant la main avec une douce innocence. On devinait leur excitation à l’idée des clowns, des animaux, et des merveilles qu’ils allaient découvrir ce soir-là. C’était sans doute leur première fois au cirque, une soirée qui marquerait à jamais leur jeune vie.
Le père et la mère étaient en tête du groupe, droits et fiers. La mère tenait la main de son mari, son regard brillant de gratitude, comme pour lui dire : « Tu es mon héros, mon chevalier en armure. » L’homme souriait, rayonnant de bonheur en voyant l’excitation de ses enfants. Arrivés au guichet, l’homme, d’une voix pleine de fierté, déclara : » Je voudrais huit billets pour enfants et deux pour adultes. » La caissière annonça le prix, et soudain, l’atmosphère changea. La main de sa femme glissa doucement de la sienne, sa tête s’inclina, et lui-même perdit son sourire. Sa lèvre trembla légèrement, comme s’il essayait de cacher sa détresse. Il s’approcha du guichet, hésitant, et murmura « Combien avez-vous dit ? » La caissière répéta le montant, et à cet instant, l’homme comprit qu’il n’avait pas assez d’argent. Comment pouvait-il se tourner vers ses enfants, si pleins d’espoir, pour leur dire qu’ils ne pourraient pas aller au cirque ce soir-là ?
Mon père, observant la scène, fouilla dans sa poche et sortit un billet de vingt dollars. Sans dire un mot, il le laissa tomber discrètement au sol, se pencha pour le ramasser, puis posa une main légère sur l’épaule de l’homme : « Excusez-moi, monsieur, je crois que vous avez laissé tomber ceci. »
L’homme comprit immédiatement. Ce n’était pas une aumône, mais un geste de dignité, une aide discrète dans un moment de détresse. Ses yeux se remplirent de larmes. Il saisit la main de mon père, serra le billet avec force, et, d’une voix tremblante, murmura : « Merci, monsieur. Merci infiniment. Cela signifie tellement pour moi et ma famille. »
Mon père et moi retournâmes à notre voiture. Nous n’avions plus de quoi acheter nos propres billets, mais ce sacrifice n’avait pas d’importance. Nous sommes rentrés chez nous, le cœur rempli d’une joie profonde, bien plus grande que celle qu’aurait pu offrir le spectacle du cirque. Ce jour-là, j’ai appris une leçon inoubliable : la vraie grandeur réside dans l’acte de donner. Le pouvoir de donner, de bénir les autres, est inestimable. Il y a une joie ineffable dans l’acte de rendre quelqu’un heureux, dans ces gestes simples qui illuminent une vie. Apprends à donner, sans attendre. »